Plaisir de lire

par Silvio Fanti

Ce texte est l’intervention du fondateur de la micropsychanalyse au symposium que l’Institut suisse de Micropsychanalyse a organisé en 1993 pour les 20 ans de la Société Internationale de Micropsychanalyse. Il a été publié dans la Revue de la Société Internationale de Micropsychanalyse (Borla, 1994).

Mesdames, Messieurs, chers Amis,

Que je vous dise d’abord que je considère ce symposium comme la fête du 20ème anniversaire de notre Société Internationale de Micropsychanalyse. Donc comme une réunion d’amis qui peuvent quelque peu se réjouir et se distraire. Je suis par conséquent très heureux de vous présenter trois livres qui ont enchanté mon esprit et m’ont appris une foule de choses, et je serais récompensé si vous aviez le même plaisir et le même intérêt à faire connaissance avec ce qui va suivre.

Ces trois ouvrages concernent les animaux, les plantes et le cosmos. Souvenons-nous que les anciens recherchaient déjà les similitudes entre l’homme, le monde animal et végétal. C’est bien, là, l’une des activités les plus passionnantes.

Frans de Waal est l’auteur du premier de ces livres intitulé De la réconciliation chez les primates, publié en 1989 par Harvard University Press, aux Etats-Unis et en 1992 par Flammarion, en France. Ce livre contient de nombreuses photographies de chimpanzés, macaques et autres. Vous voyez en première couverture le célèbre couple Louise et Kevin, des bonobos du zoo de San Diego.

Frans de Waal est néerlandais, né en 1948, diplômé de l’université d’Utrecht. Il a travaillé entre autre aux zoos d’Arnhem, aux Pays-Bas et de San Diego, aux Etats-Unis, Il avait écrit auparavant La politique du chimpanzé, un classique et un best seller.

Frans de Waal a eu l’excellente idée de présenter un schéma — établi par Charles Sibley et Jon Ahlquist — de ce dont il s’agit dans son livre. En bas à droite, se trouve l’origine des singes, les simiens qui, il y a une douzaine de millions d’années, se sont divisés en babouins et en macaques.

Prenons la branche de gauche, la nôtre qui est en même temps celle des singes anthropoïdes. A propos, si, en français, ce sont tous des singes, en anglais, la différence est bien marquée entre ces 2 branches puisque l’on parle de « monkeys » pour les simiens et de « apes » pour les anthropoïdes.

Il y a environ 8 millions d’années, une division s’est produite entre la lignée humaine et celle des bonobos et des chimpanzés. Huit millions d’années ! C’était hier, si l’on considère que la terre a 3 ou 4 milliards d’années. Et d’après ce schéma, on voit qu’il y a de l’orang-outan et du gorille en nous-mêmes et qu’il y a de l’humain chez le chimpanzé et le bonobo. D’ailleurs nous trois, chimpanzé-bonobo-être humain, nous nous ressemblons à 99% d’après l’analyse des molécules d’ADN qui portent les caractères héréditaires.

Considérons très succinctement le chimpanzé, le bonobo, et nous.

Les chimpanzés sont des êtres pensants, tout comme nous. Si on les observe d’assez près, on peut les « voir » penser tout le temps. Et Frans de Waal de dire : « Observer les singes, c’est comme regarder la Lune, mais les étudier, c’est vraiment aller sur la Lune. »

Comme chez nous, les bébés chimpanzés préfèrent la douceur et la chaleur. Pour le démontrer, on a confectionné une maman métallique avec une tétine qui donne du lait et une autre également métallique, sans tétine mais recouverte d’un tissu doux et chaud. Les bébés préfèrent cette dernière, quitte à faire de brèves incursions chez la première pour prendre un peu de lait et revenir en vitesse vers la maman douce et chaude.

A 4 ans environ, quand la mère décide de sevrer son petit, celui-ci se met à bouder, à geindre d’une voix très humaine et il peut même faire une crise de nerfs.

En cas de danger, les chimpanzés crient, comme nous. Pour démontrer leur soumission, ils ont des signes que l’on peut comparer au salut militaire des soldats envers leur commandant.

Il arrive, en de rares occasions, que les chimpanzés tuent l’un ou l’autre membre de leur propre espèce et ils peuvent même être cannibales, comme nous.

Comme nous, et encore en de rares occasions, ils peuvent être xénophobes. Une femelle et son petit s’étaient perdus dans une tribu voisine. En signe de soumission, elle effleura de la main un autre chimpanzé. Mais celui-ci aussitôt ramassa une poignée de feuilles et nettoya vigoureusement sa fourrure là où elle l’avait touché. Puis la femelle fut encerclée et attaquée et son enfant fut tué.

En règle générale, un chimpanzé rancunier est mis à l’isolement, ce qui correspond à un suicide politique, de sorte que, le baiser étant le geste de réconciliation par excellence, les chimpanzés font la paix en s’embrassant. Comme nous ! Mais nous, nous nous embrassons seulement quand nous voulons bien accepter de la faire, la paix !

Tandis que les chimpanzés s’accouplent sur un mode animal, les bonobos peuvent s’accoupler comme les humains, donc en face à face, ce que l’Eglise devait avoir du mal à admettre, car certains passages des premiers compte-rendus s’écrivaient en latin : on disait des chimpanzés « copula more canum », c’est-à-dire qu’ils s’accouplent à la manière des chiens, et des bonobos « copula more hominum », c’est-à-dire à la manière des hommes.
S’il est vrai que les bonobos, on le voit, sont très proches de nous, voici que les femelles sont toujours disposées à faire l’amour avec les mâles, à se masturber avec d’autres femelles, avec les enfants non matures sexuellement, et ce même pendant leur cycle menstruel. Ces activités sexuelles de groupe les apaisent : nous ne leur connaissons ni névrose ni maladie mentale et, échappant au stress fondamental en réalisant continuellement leurs désirs sexuels, ils ne vont pas en guerre. Cela fait dire à Frans de Waal que notre slogan moderne « Faites l’amour, pas la guerre » vient de là ! Et il ajoute : « A aucun moment, je n’ai eu l’impression que j’observais un rassemblement d’animaux pathologiquement hypersexués ». Il a trouvé que les bonobos agissent ainsi pour deux raisons : par pur plaisir, et pour éviter les conflits qui pourraient surgir entre eux. C’est, en quelque sorte, une continuelle réconciliation à l’avance, ce qui rend Frans de Waal très content puisque la réconciliation chez les primates est l’objet de ses recherches, et on comprend qu’il dise : « Je n’écrirais pas ce livre si je ne croyais pas que l’étude du comportement animal jette une lumière sur les racines de nos propres sociétés ».

Et, ayant fait référence à plusieurs chefs d’état, entre autres à Helmut Kohl et François Mitterrand qui se sont retrouvés main dans la main sur les tombes de Verdun, il écrit : « … les singes se réconcilient généralement en quelques minutes, les humains peuvent mettre des jours, des années, voire des générations pour en faire autant. J’ai ainsi suivi avec un grand intérêt les comptes rendus de l’entrevue dans une cellule de prison entre le pape Jean-Paul II et Mehmet Ali Agça ». Il s’agit de l’entrevue au cours de laquelle le souverain pontife a tenu la main de celui qui aurait tenté de l’assassiner et lui a parlé avec clémence. La plupart des commentateurs y ont vu une démonstration du pardon chrétien, mais Frans de Waal y reconnaît des racines plus profondes et il compare cette scène aux retrouvailles typiques dans les groupes de singes qu’il a étudiés.

Pourtant il semble que Frans de Waal connaît mieux les singes que les hommes. Car il note que l’une des grandes différences qui existe entre nous, d’une part, et les bonobos et chimpanzés d’autre part, c’est notre pouvoir de rancune et notre besoin de vengeance. Mais il écrit par ailleurs, je le cite : « La capacité de prévoir les conséquences de nos actions nous a aidés à planifier d’innombrables guerres, elle pourrait nous aider maintenant à planifier un avenir sans guerre » ! Or non seulement avec ce qui se passe aujourd’hui dans le monde, il a mal choisi son moment, mais l’entente entre les humains n’aura jamais lieu ou tout au moins ne sera jamais stable. Et c’est, en partie, parce que nous avons remplacé nos libertés co-pulsionnelles vitales par d’innombrables superstitions pour ne pas dire hallucinations. Bref, on peut se demander si Frans de Waal n’a pas un tempérament débordant d’optimisme.

Car il suffit de penser que des savants, figurez-vous des savants du psychisme, des géants de l’esprit, ont préféré conserver leur rancune et leur hargne jusqu’à leur mort de vieillard plutôt que de voir à quel point leur réconciliation, leur collaboration auraient été gratifiantes et fructueuses pour eux-mêmes d’abord, et pour nous. Un disque de cette extraordinaire encyclopédie Bordas intitulée Mémoires du XXème siècle reproduit les voix de Freud et de Jung. Pendant qu’on y est, vous aimeriez peut-être entendre la voix de Marie Bonaparte et de Lacan. Ecoutez-les, surtout pour leur voix, en enlevant vos casques de traduction :

En un mot, pour Jung, ce pauvre Freud n’ayant pas fait de philosophie, l’entente entre eux était impossible ! Comme si les philosophes s’entendaient entre eux !

Quel dommage que nous ne soyons pas restés plus près des singes !

Nous en arrivons au deuxième livre, celui de Jean-Marie Pelt, intitulé Les plantes : amours et civilisations végétales et publié chez Fayard, Paris, 1980-1981. L’illustration que vous voyez sur la couverture, extraite du Dictionnaire Universel d’Histoire Naturelle, représente des orchidées.

Jean-Marie Pelt est professeur de biologie végétale et de pharmacognosie à l’Université de Metz. Il est président du conseil d’administration de l’Institut européen d’écologie. Il a publié de nombreux livres et plus de 150 communications scientifiques. Je dois avouer que lorsque j’ai commencé son livre, j’ai abandonné mes autres loisirs et j’ai passé 15 jours de bonheur à le lire et à le relire. Je ne peux pas faire mieux que de vous mentionner quelques extraits de ce qui est écrit en 4ème de couverture de cet ouvrage, je cite : « La vie des plantes, leurs problèmes, leurs amours ? Mais ce sont les nôtres. Sait-on que les problèmes conjugaux commencent chez les algues ? Et qu’ils ne cessent de se compliquer au fur et à mesure que les plantes se perfectionnent  ? Ainsi, à psychanalyser les mousses, on découvrirait chez ces êtres minuscules des comportements typiquement régressifs dans le sens que donne à ce mot la psychologie moderne ».
Et Jean-Marie Pelt termine cette entrée en matière par « Après avoir lu cet ouvrage, vous ne regarderez plus jamais une fleur comme avant ! ».

Et c’est vrai ! Car depuis que j’ai lu ce livre, non seulement je ne regarde plus une fleur comme avant, mais toute ma représentation du monde végétal a changé. Je ne peux plus le dissocier du nôtre.

Jean-Marie Pelt donne cet exemple : « les hommes vivant dans les alvéoles des immeubles collectifs imitent les guêpes vivant dans les alvéoles de leur nid et elles ne font rien d’autre qu’imiter un capitule de marguerite » (homme-guêpe-marguerite !) et il ajoute que les plantes, les insectes, les êtres humains ont la même tendance cyclique à la concentration sociale puis à la déconcentration et que les lois régissant la cellule, la plante, l’animal et l’homme régissent aussi les sociétés qu’ils forment en se regroupant. C’est des plantes que les humains ont hérité leurs valeurs hiérarchiques et même leurs manifestations racistes. On vient d’ailleurs d’en voir un exemple meurtrier chez les chimpanzés.

Or, tous les végétaux viennent des algues vertes et ce sont les végétaux marins qui ont commencé à nous fabriquer, nous, êtres humains, il y a des milliards d’années. Notre double système circulatoire, par exemple, est celui des fougères. L’hémoglobine de notre sang a succédé à la chlorophylle des plantes.

En fait, les relations sont ininterrompues entre les plantes et les êtres humains puisque les deux ont la même origine : l’océan.

Au sujet de la vie sexuelle des plantes, Pelt écrit : « Comment, à moins d’être aveugle, ne pas reconnaître dans leur multiples stratégies amoureuses, la force et la subtilité qui nous animent nous-mêmes ? » C’est d’elles que vient la fragilité de notre fidélité amoureuse. C’est d’elles encore que nous vient la possibilité de nous sexualiser, désexualiser, masturber (on vient de le voir avec les bonobos), de passer à l’avortement comme les ombellifères ou à l’homosexualité comme les euphorbes et d’en arriver même à l’auto-castration. Les hommes et les plantes ont ceci en commun qu’ils laissent avec une parfaite indifférence se détruire, par tonnes, leur pollen et leur sperme. Mais nous devons nous incliner devant les plantes qui connaissent mieux que nous la régulation des naissances et la mettent en pratique pour leur sauvegarde.

L’activité sexuelle étant ininterrompue dans le règne végétal, elle l’est également dans le règne animal et chez nous. C’est ainsi que chaque jour, des milliards d’êtres humains ont l’une ou l’autre activité sexuelle, par delà ce que cultures et civilisations locales ont surajouté, telles leurs 4000 langues et leurs 8000 religions.

J’avoue que j’avais presque oublié que c’est la fleur qui est l’organe sexuel de la plante. Plus elle montre ses testicules, c’est-à-dire ses étamines, plus on l’admire. Mais chez nous, l’exhibitionnisme est interdit au point qu’à New York, par exemple, on cache les testicules de son chien. Et qu’il a, par conséquent, lui aussi besoin de son psychanalyste.

Même notre fameux sadomasochisme vient du règne végétal. Pelt donne cet exemple : certaines fleurs attirent des moucherons qui doivent descendre très bas en elles pour les polliniser. Ces fleurs en tuent un certain nombre et en laissent échapper quelques autres après leur avoir infligé de nombreux supplices. Mais ne voilà-t-il pas que ces rescapés retournent se faire supplicier et éventuellement torturer à mort dans d’autres fleurs de la même espèce ! De sorte que lorsque nous pensons à nos suicidés et autres kamikazes, il ne serait pas inutile de nous souvenir de ces étonnants moucherons. Ici se pose une question qui pourrait nous concerner : si ce dramatique ménage entre fleurs et moucherons existe depuis des millénaires et des millénaires, est-il nécessaire à leur survie ? Autrement dit, ne serait-ce pas là l’illustration de ce que ce sont nos sadisme et masochisme qui nous permettent d’exister ?

D’autant plus que Pelt nous livre parfois des correspondances étonnantes : les orchidées, les animaux et les humains peuvent stimuler l’attrait sexuel par des mimes, par des sorte de grimaces et il va jusqu’à écrire que « l’observation des orchidées nous offre le modèle naturel du fétichisme, cette déviation de la libido qui détourne l’appétit sexuel de son objet naturel pour le fixer ailleurs ».

Si je ne suis pas toujours d’accord avec ce que Frans de Waal écrit, il m’arrive aussi de ne pas l’être avec ce que je lis dans Pelt. Par exemple, je cite : « Heidegger nous laissa, en guise de testament, ces mots prophétiques : « Seul un Dieu peut nous sauver » ». Et Pelt d’ajouter « Il avait raison ». Il est évident que je n’adhère à l’opinion ni de l’un ni de l’autre.

Je préfère la description (bien sûr dans les grandes lignes) de la reproduction de micro-organismes par étirement, amincissement en leur milieu, détachement en deux et que chacun des deux rejetons répètent le même processus à l’infini, éternellement. Jusqu’au jour pourtant où deux de ces rejetons collident, s’unissent et ne peuvent plus se reproduire à l’infini. Les micro-organismes, ayant inventé la sexualité, avaient inventé la mort et ce qui, chez les Occidentaux avec leur grande intelligence, allait devenir le péché mortel, source des religions avec leurs dieux et leur paradis, avec leurs diables et leur enfer.

Le 3ème livre porte le titre La mélodie secrète avec le sous-titre Et l’homme créa l’univers. Il a été publié chez Fayard, à Paris, en 1988. Le tableau de Paul Klee, en première couverture, est intitulé « Par dessus les sommets de la montagne « .

L’auteur, Trinh Xuan Thuan, est né à Hanoï, au Nord-Vietnam. Il a étudié au California Institute of Technology (le fameux CIT) et à l’université de Princeton où il a obtenu un doctorat en astrophysique. Depuis 1976, il enseigne l’astrophysique à l’université de Virginie, aux Etats-Unis.

La 4ème de couverture nous informe du contenu du livre. Je cite : « Comment l’univers tout entier, avec ses centaines de milliards de galaxies, a-t-il jailli d’un vide microscopique » ?

Tout le monde sait qu’un atome, c’est vraiment petit, et que son noyau est encore beaucoup plus petit. Quand Thuan parle de l’univers, pensez-vous qu’il va dire qu’il vient du noyau d’un atome ? Non. D’un bout de vide 1 milliard de fois plus petit qu’un noyau d’atome ? Pas du tout. Voici ce que Thuan écrit (écoutez-bien, parce que c’est amusant) : « L’univers est venu d’un bout de vide de 1 milliard de milliards de milliards de milliards de fois plus petit qu’un noyau d’atome ». Il est donc facile de comprendre que, je cite : « A l’échelon microscopique, la statue du Penseur de Rodin se transforme en un vide presque total troublé seulement par les innombrables vibrations quantiques des électrons, des protons et des neutrons ». Et il est tout autant facile de comprendre que les pierres des pyramides, de la muraille de Chine et les poutres métalliques de la tour Eiffel sont vides, elles aussi. Que tout, donc, est vide, y compris nous-mêmes, ici et maintenant, malgré ceux qui veulent encore l’ignorer par une sorte de frousse incommensurable. Et je les comprends, car c’est loin d’être facile d’accepter ce-vide qui renverse tout ce à quoi chacun se raccroche. Je le dis, car j’en ai fait l’expérience il y a une trentaine d’années et je me réjouis aujourd’hui de me percevoir comme une quelconque particule du cosmos.

Voici encore quelques pensées de Thuan : « La mécanique quantique a rendu obsolète la notion de cause première » et il donne cet exemple : « Si vous faites un film des événements dans le monde microscopique et que vous le projetez dans le sens inverse du sens dans lequel il a été fait, vous ne vous apercevrez pas de la différence ». « La relativité, dit-il, a semé au vent les concepts de passé et de futur… le présent seul existe. Le passé d’une personne peut être le présent d’une autre personne ou encore le futur d’une troisième personne… » Thuan rejoint ainsi et par d’autres voies les données du Taoïsme. Et de la micropsychanalyse qui enseigne depuis 30 ans que l’éternité est maintenant et que chaque individu se trouve être en même temps ses propres ascendants et ses propres descendants, leur multiplicité et leur unité.

Par contre, quand il écrit : « Sur une planète (notre terre) en orbite autour d’une des étoiles (notre soleil) est apparue la conscience humaine capable de s’interroger sur l’univers », il ne dit pas un mot du « comment » cette conscience humaine est apparue. Notre modèle en micropsychanalyse — que je schématise puisque c’est un jour de fête ! — pourrait l’expliquer par la structuration progressive de l’énergie neutre qui, à partir de certains seuils critiques de coordination des essais entrant en interaction, se métamorphose spontanément en énergie psychique ou matérielle, la différence entre les deux étant loin d’être absolue. Cette énergie psychique s’élabore à son tour progressivement au gré d’essais réussis ou ratés jusqu’à ce qu’il est convenu d’appeler (pour ce que cela peut bien vouloir dire !) la conscience humaine.

Si, avec Frans de Waal, c’est la joie de l’esprit, avec Jean-Marie Pelt le bonheur du cœur et avec Trinh Xuan Thuan, l’éblouissement de notre vide, chacun des trois chercheurs en reste à ses travaux à lui. Pourtant, il est passionnant de voir les liens profonds entre chercheurs néérlandais-français-vietnamien qui probablement ne se connaissent pas et travaillent en des disciplines apparemment fort différentes : éthologie, biologie végétale, astrophysique.

Par exemple, il m’arrivait de rire alors que je lisais Thuan décrivant les amours mythologiques. Ecoutez plutôt : « Tiamat accoucha d’Anu, le dieu du Ciel. Anu et Tiamat engendrèrent Ea, le dieu de la Terre ». Il s’ensuivit nombre d’accouplements avec toutes les combinaisons possibles de partenaires y compris incestueux, il m’arrivait de rire, dis-je, car j’avais l’impression d’être encore plongé dans la description de la vie sexuelle des bonobos de Frans de Waal !

Et si nous prenons l’une ou l’autre phrase de ces trois auteurs, par exemple de Frans de Waal « Il y a davantage de ressemblance entre le bonobo, le chimpanzé et nous, qu’entre le bonobo, le chimpanzé et les autres singes » ; de Pelt : « Le sang est aux bronches ce que l’air est aux branches », ou de Thuan « Les étoiles naissent, vivent et meurent comme les plantes, les animaux et nous » (donc nous-les étoiles-les plantes-les singes-nous…), la micropsychanalyse pourrait résumer leur dénominateur commun en disant que tout cela est du vide-énergie sous telle ou telle forme, créée et tenant momentanément ensemble par l’instinct d’essai qui est (de nouveau très brièvement) le principe vital de tout ce qui existe, de chaque cellule et particule, de chaque pensée et représentation-affect.

Pour terminer, j’aimerais vous lire une page et vous poser une devinette : de quel auteur est-elle, cette page ? Voici :

« … rien n’est plus relatif qu’une espèce…

pour m’en persuader, il me suffit de penser

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